Istanbul toujours vivante – Une architecture et une ville pleines de vie
Depuis un bon moment, Istanbul ne fait plus les gros titres pour son tourisme. Pourtant « loin des yeux, loin du cœur » ne signifie pas que la ville et ses habitants se soient volatilisés. Istanbul est bel et bien vivant ! Les changements et le mouvement perpétuels de ses quartiers populaires font vibrer la ville. Le déclin et le délabrement manifestes des environs de la place Taksim et de la rue Istiklal ont poussé les gens à chercher des alternatives.
Certains quartiers sont en plein essor autour de l’estuaire de la Corne d’Or, y compris les quartiers d’habitation et la zone industrielle nés au 19e siècle, que leur propre potentiel revitalise. Un nouveau hub regroupant campus universitaires, lieux de travail, d’habitation et de distraction s’y développe. Des bâtiments industriels ont été reconvertis en campus universitaires. Le « Santralistanbul » de l’Université Bilgi dans l’ancienne centrale électrique Ottomane et l’Université Kadir Has dans l’ex usine de cigarettes de Cibali font partie des plus belles réussites, comme une usine de Fez reconvertie en centre culturel ou encore une manufacture de chapeaux et un dépôt de sel transformés en bureaux.
Les effets de la politique et des fluctuations economiques sur la ville
Nos visites guidées architecturales sont l’occasion de comprendre la métamorphose de ce secteur, d’en découvrir les exemples de transformation architecturale contemporaine les plus frappants et de flâner dans les vieux quartiers stambouliotes. Fener et Balat comptent parmi les quartiers d’habitation historiques situés autour des zones industrielles. Autrefois habités les communautés grecque et juive, ce quartier ottoman a beaucoup changé avec les déplacements de population de 1923, la fondation de l’État d’Israël et les incidents politiques des années 1940 et 1950. Des immigrants venus de la Mer Noire et du sud-est de la Turquie l’ont embourgeoisé. Aujourd’hui, comme dans les années 1950, de profonds changements s’opèrent, provoquant l’embourgeoisement ou le délabrement de certains secteurs de la ville. Taksim, qui avait connu un grand essor après la libéralisation des marchés dans les années 1990, est aujourd’hui en déclin.
Retour à l’échelle humaine
Le point de mire aujourd’hui, c’est Fener et Balat. Heureusement, ces deux zones bénéficient de la protection des bâtiments historiques et les habitations comme les boutiques conservent une taille humaine, et on ne peut donc pratiquement pas y implanter de supermarchés ou de centres commerciaux. L’échelle humaine, oubliée ces 15 dernières années, revient au goût du jour avec une touche contemporaine apportée à de nombreux projets de rénovation et de restructuration. La conjoncture économique mettant un frein aux grands investissements, les projets de petite taille se portent bien. Aucun projet iconique ne se profile à l’horizon, ce qui rend le secteur si sympathique. Mais c’est un vrai quartier, très vivant, avec un esprit de bon voisin, comme le suggère le thème de la 15e Biennale d’Istanbul.
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Texte : Guiding Architects Istanbul.
Première image: « A perspective on some of the buildings belonging to Bilgi University, in Istanbul. Copyright: Cemal Emden ».
http://www.santralistanbul.org/en/
https://www.dailysabah.com/feature/2014/12/10/istanbul-restored-and-rebuilt
http://en.istanbul.com/city-life/republican-period-and-new-istanbul.html
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